Cette année marque en effet le 70e anniversaire d’existence du réputé studio de photographie de la rue St-Pierre à Rigaud inauguré en 1948 par Simon-Pierre Tremblay.
Un studio de photo, une couponnerie et la maison familiale!
À l’instar de beaucoup de studios de photographie d’aujourd’hui qui n’ont plus nécessairement « pignon sur rue », Simon-Pierre Tremblay avait le rêve de construire son entreprise à même la résidence familiale sur la Plaza St-Pierre, rue très achalandée de Rigaud dans ces années-là. Avec son épouse, Jacqueline Meilleur qui exploitait une couponnerie (magasin de tissus) elle aussi à même la résidence, ils y élevèrent leurs quatre enfants.
À cette époque, la photographie était moins démocratisée qu’elle ne l’est aujourd’hui et les techniques d’éclairage et de prises de vues étaient particulièrement importantes puisque tout se faisait au moment de la prise des photos, les traitements de post-production étaient différents de ceux d’aujourd’hui. Le choix d’utilisation de filtres et diffuseurs se prenait à l’avance puisqu’en chambre noire ces effets étaient beaucoup plus compliqués qu’en Photoshop et les retouches devaient être réalisées manuellement sur les négatifs et sur chaque image imprimée.
Afin d’avoir accès à de la formation pour progresser et être au courant des nouveautés et dernières tendances, dans ces années-là l’adhésion à un regroupement de photographes professionnels était la seule option. C’est pourquoi dès sa création en 1951, Simon-Pierre devint membre de l’APPPQ (Association des photographes professionnels de la Province de Québec) et quelques années plus tard il fit partie des premiers, en compagnie de six autres photographes, à se voir décerner le titre de « maître photographe professionnel » par cette association.
Lors des mariages, il n’était pas rare qu’après la prise des photos du mariage du matin, le photographe Tremblay se rende en chambre noire pour développer quelques clichés à offrir en vente lors de la réception. Ensuite, aidé par son épouse, le même manège se poursuivait pour le mariage d’après-midi et celui de soirée. Le studio pouvait photographier jusqu’à quatre mariages par samedi dans ces années-là. Les choses ont bien changé depuis.
Évidemment à cette époque les photographes exécutaient des prises de vues plus standardisées et ne passaient pas toute la journée à suivre les mariés pour créer un reportage plus complet de la journée comme c’est le cas de nos jours.
À part les photos de mariage, le studio Tremblay offrait des services de développements de films, photo passeport et de portrait pour les familles, les gens d’affaires et les municipalités. Les photos de baptêmes, premières communions et confirmations faisaient également partie des services offerts en plus des photos scolaires et de finissants. Lors d’événements importants, c’est également aux services professionnels de Simon-Pierre Tremblay que les associations et les élus avaient recours pour immortaliser leurs moments officiels dans Vaudreuil-Soulanges entre 1948 et 1976.
Victime de problèmes cardiaques, M. Tremblay fût obligé de cesser ses activités professionnelles en 1976 et le studio demeura fermé pendant presque un an, jusqu’au moment, où Jacques Roussel, alors professeur d’éducation physique au Collège Bourget choisi d’en faire l’acquisition en 1977.
Une formation de photographie en accéléré!
La transition de professeur à photographe ne fût pas nécessairement simple pour Jacques Roussel. Jacques a rapidement dû se former et apprendre les rudiments de la photographie professionnelle pour offrir une qualité d’image et des services adéquats à la clientèle de l’entreprise. C’est en s’inscrivant tout d’abord à des formations académiques en photo au cégep de St-Laurent et au cégep du vieux Montréal en art visuel et audio-visuel que Jacques débuta son apprentissage. Soutenu moralement par le maître photographe Simon-Pierre Tremblay, il est parvenu en adhérant aux associations de photographies professionnelles, en participant à plusieurs formations « Photiques » organisées par M. André Germain et à des séminaires en photographie commerciale par Bob Acciaro a devenir un photographe très compétent et reconnu par le titre de Maître photographe remis par la CMPQ (Corporation des Maîtres Photographes du Québec, anciennement connue sous l’APPPQ et l’APPQ).
Au fil des ans, Jacques et son épouse Jacqueline qui travaillait avec lui au commerce, en plus d’exploiter un service de nettoyage et de couture attenant au comptoir de photographie, ont su poursuivre l’oeuvre débutée par le fondateur des années auparavant et assurer une très bonne relève à ce service à la clientèle déjà bien établi. Très impliqués dans leur communauté, Jacques et Jacqueline ont choisi de fonder leur famille de quatre enfants à Rigaud.
La vision de l’entreprise de Jacques Roussel a toujours été portée vers la satisfaction des clients en premier pour assurer une continuité solide.
En preuve et avec fierté, son épouse Jacqueline, s’est vu décerner en 1988, le prix d’excellence au service à la clientèle de l’Association Gens d’Affaires de Rigaud remis par Richard Préfontaine président de l’organisme à ce moment. Celui-ci ajoutant de plus qu’il souhaitait qualifier la récipiendaire du « sourire » de la Plaza Saint-Pierre comme plusieurs aimait appeler cette petite artère commerciale à l’époque. S’appuyant sur le dicton qu’un client pleinement satisfait référera tes services à au moins dix personnes pouvant devenir d’autres clients, M. Roussel a réussi à s’assurer une clientèle fidèle durant toute sa carrière.
Le temps de passer le flambeau!
Au début des années ’90 le projet de vendre le studio à un jeune photographe prometteur a commencé à prendre forme dans la tête du deuxième propriétaire du commerce. Malgré leurs familles nombreuses aucun des enfants de Simon-Pierre Tremblay ou de Jacques Roussel n’ont eu la piqûre d’une carrière en photographie. C’est en juin 1992, que Stéphane Larivière se présenta au studio de Rigaud pour offrir ses services comme photographe. Le jeune photographe alors âgé de vingt ans à peine avait déjà l’esprit entrepreneurial puisqu’il avait déjà lancé sa propre entreprise de photographie en juillet 1990 lorsqu’il n’avait que 17 ans! (en savoir davantage)
Dès l’entrevue d’embauche M. Roussel s’informa des plans de carrière de Stéphane Larivière et s’il souhaiterait éventuellement acquérir un studio de photographie. Afin de s’assurer de son sérieux, Jacques Roussel invita le futur employé à effectuer des démarches pour obtenir une subvention gouvernementale d’aide à l’emploi. Durant les trois années qui suivirent, Stéphane Larivière travailla comme assistant et deuxième photographe du Studio Tremblay tout en poursuivant son apprentissage académique au Collège Dawson en plus d’occuper divers petits emplois à temps partiels. En 1994, le studio de Rigaud n’étant pas en mesure de lui assurer un emploi à temps plein à ce moment, Stéphane fût embauché comme technicien photo chez Photolab Yves Thomas à Montréal.
C’est finalement en novembre 1995 que la passation du flambeau s’effectua. À l’âge de 22 ans, Stéphane Larivière devint le 3e propriétaire du réputé studio Tremblay. Étant donné qu’il y avait déjà travaillé pendant presque deux ans auparavant, il était déjà assez connu de la communauté des affaires Rigaudienne et son intégration s’effectua en douceur. Très impliqué déjà à ses débuts dans les différentes associations d’affaires de la région, Stéphane fît rapidement sa marque.
De nouveaux défis!
Quelques mois seulement après l’acquisition du studio, le nouveau photographe dû faire face un défi de taille, la récession économique de 1997. Effectivement, pour la nouvelle entreprise encore en démarrage la récession n’apportait pas son lot de bonnes nouvelles. Les contrats devenaient moins fréquents et par le fait même moins rentables, mais cette mauvaise période ne pouvait qu’être passagère et porteuse de meilleurs temps. Juste après ces moments plus difficiles, un nouveau défi se présenta pour Stéphane Larivière et celui-là allait être permanent et changer à jamais sa façon de travailler. La photographie numérique arrivait sur le marché!
À peine trois ans après avoir fait l’achat du studio et des équipements photographiques professionnels, qui en argentiques pouvaient durer pratiquement le temps d’une carrière… le nouveau propriétaire dû réinvestir dans l’achat de nouveau matériel photographique et informatique pour suivre la nouvelle vague technologique. En plus, des pertes liées à la revente des anciens équipements dépréciés, il lui fallut également investir dans la formation et apprendre à utiliser et maîtriser ces nouveaux outils. Pendant quelques années, puisque la technologie n’était pas tout à fait encore à point, le numérique fût utilisé de pair avec l’argentique pour offrir des produits de qualité aux clients du studio. C’est finalement en 2003, que le studio Tremblay ayant jadis photographié avec des appareils à plaques 5X7 se convertit complètement au numérique.
Finalement, en 2010 le studio a connu un autre grand changement, un déménagement! À l’image du rêve du fondateur, Stéphane Larivière avec son épouse Caroline Faubert et leurs deux enfants ont choisi de construire leur nouvelle résidence familiale en y consacrant un espace pour aménager le studio de photo.
Depuis toutes ces années le studio Tremblay a vécu beaucoup d’expériences et traversé différentes époques. Peu importe la façon de photographier, l’intention de tous les photographes qui ont été propriétaires de cette entreprise est toujours demeurée la même, créer les plus belles images possibles pour ses clients afin que ceux-ci puissent préserver de bons souvenirs des gens qu’ils chérissent et de leur patrimoine.
Que nous réserve l’avenir? Nous le saurons bien assez tôt.
Merci à vous tous pour ces 70 années incroyables!